Voici un article non abrégé et mis à jour (30 pages) sur David Halivni et sa méthode d'étude du Talmud. Une forme abrégée de cet article est parue dans les Cahiers du Judaïsme 26 (2009). An English translation, somewhat shorter, is available on this blog.
L'enseignement de David Halivni: à l'écoute des Stammaïm dans le Talmud Babli
Lieu de réflexion et d'études en hébreu, français et anglais, au sein de l'institut Wolfowicz.
dimanche 20 décembre 2009
Bref aperçu sur David Halivni: invitation à étudier -- autrement
Il est bien délicat de présenter David Halivni en quelques mots, tant il défie les catégories et les schémas établis.
Né en 1927 à Kobolečka Poljana (alors en Tchécoslovaquie, aujourd'hui en Ukraine), David Weiss Halivni grandit à Sighet où il fut rapidement reconnu comme un prodige dans son apprentissage du Talmud : il obtint une semikha, ordination de rabbin, à l’âge de quatorze ans. Comme tous les Juifs de la ville, il est déporté par les nazis en 1944 à Auschwitz. Libéré en 1945 et seul survivant de sa famille, il émigre aux États-Unis en 1947 avec un groupe de jeunes réfugiés orphelins. C’est là qu’il fit la connaissance de l'érudit Saül Lieberman qui devint son maître. Il rejoint alors le Jewish Theological Seminary (JTS) de New York où il devint professeur de Talmud. En 1985, à la suite de désaccords profonds avec la nouvelle direction du JTS sur les réformes halakhiques qu'elle souhaitait voir adoptées, David Halivni quitte une institution sur laquelle il eut une profonde influence. Peu de temps après, il est nommé professeur à l'université Columbia de New York où il enseigna jusqu’à la retraite. David Halivni est récipiendaire de plusieurs distinctions prestigieuses, notamment le prix Bialik et le prix d’Israël. Il vit aujourd'hui à Jérusalem où il poursuit ses recherches et son enseignement sur le Talmud.
Son oeuvre en hébreu מקורות ומסורות (Sources et Traditions, en français) est une oeuvre littéralement de toute une vie, entièrement vouée à l'étude du Talmud. Elle consiste en un commentaire incroyablement précis, à la fois local et global, sur le Talmud de Babylone. En plus de son érudition exceptionnelle, David Halivni fait preuve en permanence d'un sens élevé de la nuance. Si ce dernier rend l'abord de sa pensée et de sa méthode difficiles, il témoigne aussi d'une humilité et simplicité authentiques, qui nous invite à notre tour à replonger dans la mer du Talmud.
The teachings of David Weiss Halivni: deciphering the Stammaim's voices in the Talmud Babli
The following article is an overview of David Halivni's lifelong work on the Talmud. This is the English translation of an article originally written in French and published in Cahiers du Judaïsme 26 (2009), 98--109 and also available on this blog.
More than three decades ago, David Halivni made the fundamental hypothesis that the Talmud as we know it is the works of generations of anonymous sages, the Stammaim, who lived after the Amoraim, the last sages whose name appear in the discussions in the Talmud. According to David Halivni, only the legal conclusion was officially transmitted by the earlier generations of sages (Tannaim and Amoraim), the dialectical material (shaqle ve-taria) being only individually recorded in the memory of the sages attending the legal deliberations.
I review this thesis from its inception (the problem of doh'aq in the Talmud) through some of its textual manifestations in the Talmud and the rabbinic litterature, up to its contemporary consequences, both historical and philosophical. The article also includes a discussion of the idea of a Jewish resistance to history (in the sense of Hegel) which accounts for the extended ahistoricity of traditional Jewish learning. David Halivni's works call for another kind of learning, both historical and fallible. In particular, I argue that at the root between pshat and derash, the historical noncoincidence between the legal conclusions and the explicit reconstruction of the arguments of the deliberations is a key structure of Oral Law.
Short Article
More than three decades ago, David Halivni made the fundamental hypothesis that the Talmud as we know it is the works of generations of anonymous sages, the Stammaim, who lived after the Amoraim, the last sages whose name appear in the discussions in the Talmud. According to David Halivni, only the legal conclusion was officially transmitted by the earlier generations of sages (Tannaim and Amoraim), the dialectical material (shaqle ve-taria) being only individually recorded in the memory of the sages attending the legal deliberations.
I review this thesis from its inception (the problem of doh'aq in the Talmud) through some of its textual manifestations in the Talmud and the rabbinic litterature, up to its contemporary consequences, both historical and philosophical. The article also includes a discussion of the idea of a Jewish resistance to history (in the sense of Hegel) which accounts for the extended ahistoricity of traditional Jewish learning. David Halivni's works call for another kind of learning, both historical and fallible. In particular, I argue that at the root between pshat and derash, the historical noncoincidence between the legal conclusions and the explicit reconstruction of the arguments of the deliberations is a key structure of Oral Law.
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